Carte Blanche Fnac des Ternes - 13/05/2005 - Par Christelle

Carte blanche à la Fnac - Paulo Coelho - vendredi 13 mai 2005 - 17h30 / 19h30

Je suis arrivée à 17h. Heureusement Michel que tu m’avais dit d’arriver à cette heure là, car il y avait déjà une très longue attente devant la salle. J’ai demandé à une personne de la sécurité  comment devait se dérouler la séance, puis j’ai rejoint la file d’attente. Quelques secondes plus tard, il me rattrapait, constatant
la proéminence de mon ventre, et me proposait d’entrer immédiatement m’asseoir dans la salle. Il ne restait déjà plus beaucoup de places, et si cette personne ne s’était pas montrée attentive, j’aurais  certainement dû renoncer. Merci à lui ! Paulo Coelho est arrivé dans la salle vers 17h20. Le « protocole »  prévu par la Fnac n’avait pas prévu cette entrée, ils souhaitaient  le voir arriver après l’avoir annoncé sous les applaudissements  (c’était assez drôle, Paulo décontracté, s’adressant à nous  simplement). Ils s’est plié finalement au programme, est reparti  en « coulisses » un petit quart d’heure. La salle, 80 places  assises, était prévue pour accueillir au maximum 150 personnes. Je pense que nous l’étions !

Paulo Coelho s’est d’ailleurs montré très attentionné envers ses  lecteurs, regrettant que beaucoup ne doivent rester debout. Réponse  de la Fnac : Plus de chaises aurait limité le nombre de lecteurs,  cela mérite bien de rester debout ». Paulo Coelho n’a pas souhaité s’installer confortablement dans les  fauteuils prévus, car tout le monde n’aurait pas pu le voir. Il  s’est mis sur un dossier, et la Fnac lui a apporté un tabouret haut. Toujours le même soucis de faire plaisir et de remercier ceux et  celles qui s’étaient déplacés.

Il a précisé que chacun dans la salle repartirait avec son livre  dédicacé, même si l’horaire de fermeture de la Fnac était dépassé.  Pas de dédicaces personnalisées vu le nombre que nous étions, mais  autant de livres que souhaité.  Après avoir remercié, il a exprimé son plaisir de se trouver face à  ses lecteurs, disant qu’il était rare d’être avec ses lecteurs, et qu’il était extraordinaire de se trouver avec eux « les yeux dans les yeux » ; que nous représentions donc dans la salle l’ensemble de ses lecteurs français.

A une question sur le trac, il a d’ailleurs répondu qu’il ne le  connaissait pas, mais qu’il vivait chaque moment avec émotion. Que  ce moment était privilégié pour cela, puisque l’échange avec ses  lecteurs lui en apportait beaucoup. C’est une chose qui se perçoit énormément, il y a vraiment des émotions palpables lors des échanges qui ont eu lieu entre lui et son public.

Carte Blanche, c’est une séance en deux partie. Paulo Coelho a été interrogé auparavant sur ses lectures, films et musiques qui l’ont le plus marqué. Une personne l’interview sur ses choix. La « sélection de Paulo Coelho » permet donc à l’écrivain de partager avec nous ses goûts culturels. « Ces choix, nous dit t’il, me ressemblent, car on apprend de la vie au travers des livres, des films, etc. Cette sélection a été difficile ».

Les livres
L’étranger - Albert Camus : Paulo Coelho a lu L’étranger après la pièce Caligula. Il apprécie le style simple et profond de Camus, ce qu’il recherche d’ailleurs. Il nous explique qu’il ne faut pas compliquer, que cela n’est pas nécessaire pour être profond, et qu’il en est de même pour les écrits de Saint-Exupéry. (Ils a lu Camus en portugais, puis en français).Que le but de la littérature c’est qu’elle soit comprise. Donc simple. Le reproche que certaine littérature soit trop simple le gêne. Il le comprend pour Proust par exemple, mais pas pour James Joyce « Ulysse », qu’il a abandonné avant la fin J  Paulo Coelho nous dit que l’on sait très vite si un livre nous apporte ou non quelque chose, et qu’il peut arrêter la lecture d’un livre en cours sans éprouver de culpabilité si cela ne l’accroche pas.

Paulo Coelho nous dit ensuite qu’il écrit ce qu’il croit, mais pas dans le but de plaire. Qu’un lecteur peu pardonner un mauvais livre, mais pas un mauvais livre écrit pour plaire. Car une fois que le livre est sorti, on ne peut le changer.

Concernant internet, de nombreuses personnes ont témoigné avoir reçu  des réponses de Paulo Coelho. Ils s’est excusé de ne pouvoir répondre à tous. Il se connecte le soir après qu’il ai tout terminé, vers 1h ou 2h du matin. Que c’est un moment magique où le lecteur parle à l’écrivain. Les nouvelles technologies sont importantes pour lui.

Tropique du Cancer - Henry Miller :  Henry Miller a apporté un vrai changement dans la vie de Paulo Coelho. Ecrivain perdu, interdit aux Etats-Unis, mais accueilli par la France, ouverte, comme elle s’est toujours le faire dit t’il. Ce livre, c’est un geste d’émotion. « Ca, c’est la façon d’écrire, de s’exposer totalement. Je vous le recommande. Extraordinaire. »

Sur sa façon d’écrire, Paulo Coelho nous explique qu’il ressent toujours une certaine peur d’écrire, même si le livre est en lui. Pas la peur au sens où nous pourrions l’interpréter. Non. Il écrit un livre tous les 2 ans, et doit parvenir à regarder son âme pour l’écrire. Dans le Zahir, il parle de l’obligation d’écrire, qu’ensuite la « chose » arrive et s’empare de lui. Son rêve était de devenir écrivain. Il s’est fait cette promesse, donc il se doit d’écrire. D’où cette peur d’être paralysé. Mais le livre doit être prêt dans son âme. Et parfois, cela met des années. Comme pour Sur le bord de la rivière Piedra, ou pour 11 minutes. La maturation a mis 4 ans et
10 ans d’attente.

Fictions - Jorge Luis Borges : Il a souhaité le rencontrer, car il y a toujours cette même simplicité qu’il recherche. Il nous a parlé du Mont Olympe.Pour le titre Le Zahir, il se demandait si ce terme n’était pas
islamiste. Il s’agit nous dit t’il d’une invention de Borges. Des personnes présentes ont évoqué la relation qui existe entre la langue brésilienne et la langue arabe, et l’importance pour Paulo Coelho, comme pour Maktub qui était une chronique de 10 lignes qu’il écrivait, et qui a donné naissance par la suite au Manuel du Guerrier de la Lumière.

Si Paulo Coelho a choisi le titre « Fictions » de Borges, il nous dit que tous les autres sont bons, et qu’il aurait pu les choisir de la même façon. Où tu porteras mon deuil - Dominique Lapierre & Larry Collins : Paulo Coelho nous dit qu’il FAUT le lire ! Qu’il ne s’agit pas d’une autobiographie - d’un torero - politiquement correcte, mais qu’il s’agit d’un livre sur la force de la volonté. Un exemple de vie.

Gabriela, clove and cinammon - Jorge Amado (serait traduit en français sous un autre titre) : Le meilleur écrivain brésilien ! Le seul connu ! Jamais jaloux, humble. Il a eu un geste de générosité qui a touché Paulo Coelho, un geste d’amour envers lui en lui adressant une lettre de félicitations qu’un autre écrivain brésilien connaisse le succès.Il parle comme aucun autre de l’âme du peuple brésilien, par le vrai langage du peuple.

Paulo Coelho nous dit  «j’aime parler des gens oubliés, ils méritent une seconde chance. Exemple Amado. Il a fait un seul film, couronné par une palme d’or à Cannes. Mais les critiques l’ont détruit, car au Brésil, une rumeur disait qu’une personne reconnue ne pouvait ensuite produire un second chef d’ouvre. Il n’a jamais tourné d’autre film ».

Les films
Blade runner - Ridley Scott : Une quête spirituelle.Paulo Coelho nous dit qu’il y a quelques jours il discutait de cela avec quelqu’un. « Michel, t’es où ? ». Je réponds « Il a été retenu à un rendez-vous et s’excuses de ne pas encore être arrivé ». La salle au dessus de moi est peu éclairée, il ne me voit pas bien et répond « Ah, il s’est fait remplacer par sa maman ! ». Hilarité, la personne qui l’interview lui fait remarquer que je n’ai visiblement pas l’âge d’être la maman de Michel. Paulo Coelho s’excuse, et me répond que je suis ton représentant, Michel. Un bon moment de détente !!!

Bref, concernant Stanley Kubrick, il a beaucoup aimé 2001, l’Odyssée de l’Espace, mais pas du tout Eyes Wide Shut (c’est vrai que j’ai trouvé ce film très particulier, dans son atmosphère et dans les relations mises en scènes..).Paulo Coelho regrette que soit oublié Sergio Léone, Il était une fois dans l’Ouest, qui en plus soutient souvent des ouvres d’amateurs étrangers. Je ne trouve pas qu’il soit si oublié en France, où ses films passent régulièrement à la télévision, sont très regardés, et où l’orchestre de ses musiques de films se produit régulièrement aussi au Casino de Paris par exemple, et sont toujours complets. (J’ai voulu y aller).

Concernant ses livres - il ne parle pas de l’alchimiste bientôt sur les écrans - il nous dit qu’ils ne deviendront pas des films. Et qu’il n’a pas l’intention d’écrire des scénarios.

D’autres films de sa sélection :
- When we were kings - Léon Gast (Universal Pictures)
- La parole donnée - Ancelmo Duarte

Nous n’abordons pas tous les choix, car Paulo Coelho regarde sa montre, et est assez impatient de laisser la parole aux lecteurs.
Merci.

Pour finir sur sa sélection musicale :
Abbey Road - Beatles
9ème Symphonie - Beethoven
1er concerto pour piano et orchestre - Chopin
Atomic Earth Mother - Pink Floyd : Paulo Coelho voit de sa fenêtre de St Martin dans les Hautes Pyrénées des vaches. Elles lui rappellent la pochette du disque des Pink Floyd !!! Tous les jours il y pense J
Greatest Hits - Roberto Carlos : Paulo Coelho nous offre un autre moment de détente, disant qu’il n’a pas le CD, et qu’il ira le prendre, ainsi que celui des Pink Floyd. Le reste, il la ! Et il a bien raison, c’est la Fnac après tout !

Les questions avec les lecteurs commencent. Paulo Coelho nous parle de Tanger, qu’il a visité alors qu’il avait 33 ou 34 ans, pour l’Alchimiste. 20mn de bateau, et le monde change totalement. Il a déjà visité d’autres déserts, mais pas africain.

Concernant la rubrique Maktub au Brésil, qui nécessitait de se tenir strictement à 10 lignes, Paulo Coelho nous dit que cela l’a aidé à aller à l’essentiel. Il écrivait des petits messages qui l’ont amené à penser qu’il devait écrire sur les gens. Ceux qui ont des doutes, des problèmes, mais qui sont les vrais héros de la vie. Car pour lui, ce qui est merveilleux, c’est que même s’il est très facile d’être, ou de devenir cynique, on continue cependant à croire. Il a donc une admiration pour ceux qui ont la force de continuer d’espérer, une admiration extraordinaire pour eux. « Je crois toujours en l’être humain » et aime parler avec les gens. Il nous dit que « ce sont des Guerriers qui cherchent la lumière, des Guerriers de la Lumière ». Après trois ans à écrire ces petites rubriques, c’était devenu un peu de lui-même.

Paulo Coelho a relu l’Alchimiste, car il dit qu’il faut une certaine distance de l’écrivain entre l’écriture et la lecture. Et lors de cette relecture, il a retrouvé l’expression, qu’il avait totalement oubliée, de « Guerrier de la Lumière ». Le Manuel a donc été écrit dans le même contexte.

Même quand il n’y a plus d’espoir, on croit toujours.. Voilà, les dédicaces ont commencés, il a gentiment serré la main de chacun, une parole aussi pour tous, accessible, et sensible aux compliments qui n’ont pas manqués de lui être faits.

Une personne prenait nos appareils photos pour immortaliser l’instant. J’ai un peu la tête coupée, mais au moins, vous voyez Paulo Coelho, et c’est pour moi l’essentiel.

Je ne me vanterai pas auprès de mon gynéco de mon escapade d’aujourd’hui, mais pour rien au monde je n’aurais voulu manquer cet instant unique.

C’est la seule séance rencontre/dédicace qui aura eu lieu en France.

Bonne soirée à toutes & tous,
Et très bonne lecture.
Christelle

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