Coelho se joue son film

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19/07/2007 - Baudouin Eschapasse - © Le Point - N°1818

Une hôtesse de l’air a inspiré son dernier roman, « La sorcière de Portobello ». Auparavant, ses muses furent une prostituée brésilienne, une journaliste américaine… et une stalactite ! Portrait d’un phénomène qui croit aux signes, et en sa légende.

Tee-shirt noir, baskets blanches, tatouage et mini-queue de cheval… Paulo Coelho évoque davantage une ancienne rock-star qu’un écrivain. Faut-il s’en étonner ? Après tout, c’est bel et bien par la chanson que le romancier brésilien s’est d’abord fait connaître. Parolier de vedettes pop dans les années 70, l’ancien élève du lycée jésuite de Rio n’a pas toujours été celui qu’on connaît aujourd’hui. « Drogue, sexe et rock’n’roll, j’ai vécu les Sixties à fond. J’étais un vrai hippie », reconnaît-il volontiers. Sa métamorphose, l’écrivain l’impute à une série de révélations, survenues au début des années 80, au cours d’un long voyage en Europe avec sa femme. D’abord un choc : une rencontre, dans le camp de Dachau, « avec une personne d’une incroyable spiritualité », raconte-t-il. Ensuite un signe : « C’était en Autriche, en plein hiver. J’attendais Christina, face au consulat de Roumanie où nous devions chercher un visa avant de poursuivre notre périple. Je me demandais ce que je ferais en rentrant au Brésil. Une énorme stalactite de glace s’est alors détachée du toit. A quelques centimètres près, je la prenais sur la tête. Ma femme est sortie du consulat, toute pâle. Elle m’a annoncé la mort d’une amie chanteuse qu’elle venait d’entendre à la radio. J’ai su que je devais changer de voie. »

Tout Coelho est là, qui croit dur comme fer aux clins d’oeil du destin. Il confie n’avoir écrit son premier livre que parce qu’il avait vu une plume blanche sur le sol. « Je ne commence un nouvel ouvrage qu’après avoir vu ce signe », explique-t-il. Superstition ? « Je suis catholique, pas superstitieux ! Mais je crois aux miracles. » Le romancier, qui effectue chaque année un pèlerinage à Lourdes pour le nouvel an et ne se déplace jamais sans un flacon d’eau bénite, voit dans certains détails de la vie « des messages que la divinité nous adresse et que nous devons décrypter ».

Un message immuable

Vingt ans après « L’alchimiste », Paulo Coelho martèle toujours le même message. Après ses douze livres traduits en 64 langues et vendus à 100 millions d’exemplaires à travers le monde, l’auteur le plus lu de la planète, après J. K. Rowling, ne cesse de raconter la même histoire. « Celle de quelqu’un qui se cherche et finit par se trouver après un long parcours initiatique », affirme-t-il. Son dernier livre ne faillit pas à la règle. Dans « La sorcière de Portobello », il nous conte la vie d’Athéna, jeune Libanaise d’origine tsigane, à laquelle ses origines compliquées confèrent une aura, sinon des pouvoirs singuliers. On y retrouve ses thèmes de prédilection : la passion des femmes, bien sûr, l’importance des rites de passage et la nécessité de croire en sa « légende personnelle » . Le besoin, enfin, de rejeter tout conformisme pour s’épanouir.

Autant de choses que l’écrivain indique avoir apprises au fil des années. En prison puis à l’hôpital psychiatrique, expériences fortes qui lui ont dicté quelques passages de « Veronika décide de mourir ». Mais aussi au travers de rencontres. Une prostituée brésilienne en Suisse lui aurait ainsi donné l’idée de « Onze minutes ». Une journaliste américaine de retour d’Irak serait à l’origine de la trame du « Zahir ». Et la sorcière de Portobello ? « C’est une hôtesse de l’air qui me l’a inspirée », concède-t-il.

Le baby-boomeur qui fêtera ses 60 ans en août fait feu de tout bois. Omniprésent sur le Web, ses romans sont désormais portés à l’écran. Après une adaptation de « Veronika », sortie il y a quelques semaines au Japon, « L’alchimiste » sera filmé par Laurence Fishburne. Quant à Coelho, il joue maintenant les acteurs. Dans une telenovela brésilienne, il interprète le mage Simon. Non sans autodérision.

One response to “Coelho se joue son film”

  1. Denis Moisan

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