Paulo Coelho au festival de Cannes 2008/WENN/SIPA
INTERVIEW - L’écrivain brésilien aux millions de ventes adore le festival de Cannes. C’est peu de le dire. Contre toute attente, il y a placé l’action de son nouvel ouvrage…
Et si le festival de Cannes devenait le terrain de jeu d’un serial killer? C’est l’histoire développée par l’écrivain brésilien Paulo Coelho dans son nouveau livre, «La Solitude du vainqueur» (éd. Flammarion). Un roman qui rend la Croisette effrayante et met en exergue la superficialité de ses festivaliers qui, chacun à sa façon, espèrent se faire remarquer.
Pourquoi avoir planté le décor de votre roman à Cannes?
Quand j’ai commencé à écrire, je voulais faire un reportage pour décrire le festival de Cannes. Mais l’écriture prend parfois la main de l’écrivain. C’est devenu un roman de presque 400 pages. Un pavé comme je n’en ai jamais fait! A Cannes, au moment du festival, on croise à la fois des gens plein d’espoir et des gens désespérés. Or Igor, le personnage principal, est un assassin qui tue par désespoir amoureux. C’est la violence d’aujourd’hui: celle qui se justifie par l’amour.
Votre roman tient dans un lieu clos, Cannes, et l’action est resserrée sur une unité de temps de 24h. C’est digne d’un film, non?
Non. Pour moi, ce serait un cauchemar d’écrire un scénario. Plusieurs studios hollywoodiens me l’ont proposé, mais il ne faut pas compter sur moi pour ça. Où se met un écrivain à Hollywood? Nulle part, car ce n’est pas un monde où l’on respecte ce métier. Je suis écrivain, pas scénariste. Ce n’est pas la même chose.
Qu’est-ce qui vous fascine à Cannes?
Je suis un habitué du festival de Cannes. Je ne fais pas partie des invités mais j’y vais. C’est un temps pendant lequel je me sens libre, je ne pense à aucun projet, ça me détend. C’est le festival le plus important du monde, au point que c’est devenu une marque à part entière. Aucun autre festival de cinéma ne peut rivaliser, ni à Rome, ni à Venise, ni à Berlin. Ces dernières années, les coulisses de Cannes (la mode, les défilés, la course aux cartes de visite échangées, les fêtes) ont pris plus de place que le cinéma. La façon de promouvoir les films ressemble beaucoup au business du livre et des éditeurs, cela m’amuse de voir tout ça. Mais avec la crise, peut-être cette édition sera-t-elle recentrée sur la valeur de base du festival, le ciné.
Un souvenir particulier?
L’année dernière, je faisais la fête sur un bateau. Or les fêtes en mer, je déteste ça, car on ne peut pas partir quand on veut, il faut attendre qu’une navette vous ramène sur terre. Soudain, alors que j’étais sur le ponton avant avec le patron de Disney, quelqu’un vient nous dire de dégager, l’espace devant être privatisé. Beaucoup d’invités partent en effet mais nous, on décide de rester. Je pensais que c’était une mesure de sécurité pour que puisse arriver un membre du gouvernement, mais non, c’était pour Puff Daddy. En arrivant, le rappeur s’est écrié: «Pourquoi c’est vide ici?»
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