Paulo Coelho : « Je n’ai rien contre la vanité, ça peut être très positif »

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À l’occasion de la sortie de son dernier livre, « La Solitude du vainqueur », Paulo Coelho nous a reçus chez lui, à Paris. Quinze ans après la parution en France de « L’Alchimiste », l’écrivain n’a pas changé de message.

PAR CÉLINE BARDY
cbardyt@lavoixdunord.fr PHOTO PIERRE LE MASSON
– Pourquoi avoir choisi le Festival de Cannes comme cadre ?
« Ca pouvait être Ibiza, l’univers de la Formule 1, ça pouvait être ces endroits où on voit des gens qui sont arrivés dans la « Superclasse  ». Le but dans la vie, c’est d’avoir l’amour, la santé, mais aussi des amis. Et là, ils sont totalement seuls, moi je connais pas mal de gens comme ça.

Quand je choisis le Festival de Cannes je peux montrer aussi le côté manipulation des rêves, la mode, la solitude, c’est l’endroit idéal. » – Un univers qui tranche avec ceux, plus oniriques, de vos premiers romans… « C’est un univers très onirique aussi, dans le sens où, les gens qui y sont vivent dans un fantasme. Ils se disent “on va là, et on va vivre nos rêves”, et à la fin, ils sont manipulés par des gens qui connaissent bien les métiers du rêve. Comme j’ai écrit sur l’importance de suivre ses rêves, sa légende personnelle, ça me gêne beaucoup. » – On a l’impression que votre message est toujours le même : se défaire des vanités pour revenir à l’essentiel… « Tout à fait. Je n’ai rien contre la vanité, ça peut être très positif. Salomon a dit “tout est vanité”. Vous êtes fière de vos papiers, il est fier de ses photos, je suis fier de mes livres, parce qu’on fait ça avec notre amour. La vanité quand elle est déplacée, quand elle est mise dans une montre ou dans une chaussure, alors là… » – Vous qui êtes l’un des auteurs les plus traduits dans le monde, comment échappez-vous à la « solitude du vainqueur » ?
« D’abord je suis marié, depuis trente ans. Comme j’avais fait des bêtises quand j’étais plus jeune, je m’étais dit “je vais toujours garder mes amis”. Des amis qui étaient des amis avant le succès. Il faut savoir distinguer les valeurs, les vraies, et le faux sentiment de pouvoir tout faire. » – En ce moment, en France, on parle beaucoup de la loi sur le téléchargement illégal, vous êtes l’un des rares à avoir mis gratuitement en ligne vos textes… « Le piratage ? Je suis un fanatique ! Sur mon site, vous pouvez télécharger tout gratuitement. Si je pouvais choisir entre avoir 200  millions de dollars et trois lecteurs, ou avoir 200 millions de lecteurs et trois dollars. Sans aucun doute, je préférerais avoir 200 millions de lecteurs. » – C’est plus facile pour vous qui êtes un écrivain à succès ?
« Oui, mais je suis un écrivain à succès parce que je me suis battu pour être lu. Je ne suis pas né écrivain à succès. » •

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